Chers passionnés d'équidés,
J'espère que cette newsletter vous trouve en pleine forme, ainsi que vos fidèles compagnons !
Cette croyance "Un cheval au pré n'a pas besoin de minéraux supplémentaires.", bien qu'intuitivement séduisante, peut avoir des conséquences sérieuses sur la santé de nos compagnons. Aujourd'hui, je vous propose de démystifier cette idée reçue et de comprendre pourquoi une supplémentation minérale peut être essentielle, même pour un cheval vivant en pâture.
Le mythe de l'autosuffisance au pré 🌾
L'image est belle : un cheval paissant librement dans une prairie verdoyante, trouvant naturellement tous les nutriments dont il a besoin. Cette vision s'inspire du cheval sauvage qui parcourait jadis d'immenses territoires diversifiés et sélectionnait instinctivement les plantes nécessaires à son équilibre.
MAIS LA RÉALITÉ EST BIEN DIFFÉRENTE !
Même avec un accès illimité à l'herbe la plus verte, de nombreux chevaux souffrent aujourd'hui de carences minérales. Pourquoi ?
Nos prairies ne sont plus celles d'autrefois
L'appauvrissement des sols : L'agriculture intensive, l'utilisation répétée de certains engrais et l'absence de rotation des cultures ont progressivement appauvri la terre en minéraux essentiels. Des études montrent que la teneur en minéraux des cultures a diminué de 5 à 40% entre 1940 et 2000.
Les déséquilibres régionaux : La composition minérale varie considérablement selon les régions :
Les zones granitiques sont souvent déficientes en calcium et magnésium
Les terrains calcaires peuvent présenter un excès de calcium qui bloque l'absorption d'autres minéraux
Certaines régions sont naturellement pauvres en sélénium ou en cuivre
L'évolution de l'herbe : L'herbe moderne, sélectionnée pour sa croissance rapide, n'a plus le même profil nutritionnel que les plantes variées que consommaient les chevaux sauvages.
Les besoins variables des chevaux : Un cheval au repos, une jument gestante, un poulain en croissance ou un cheval de sport ont des besoins très différents que la seule prairie ne peut satisfaire.
Les minéraux : des acteurs essentiels mais invisibles
Les minéraux sont les outils silencieux mais indispensables de l'organisme. Ils interviennent dans pratiquement toutes les fonctions physiologiques :
Le calcium et le phosphore structurent os et dents, avec un rapport idéal entre 1,5:1 et 2:1
Le magnésium participe à plus de 300 réactions enzymatiques et joue un rôle clé dans l'équilibre nerveux
Le zinc est crucial pour le système immunitaire, la cicatrisation et la qualité du sabot
Le cuivre intervient dans la formation du cartilage et l'intégrité des tendons
Le sélénium est un puissant antioxydant protégeant les cellules
Le sodium et le potassium régulent l'équilibre hydrique
Une carence, même légère, peut avoir des répercussions en cascade sur tout l'organisme. Le problème ? Ces carences s'installent souvent lentement, insidieusement, avant que des signes cliniques évidents n'apparaissent.
Le langage silencieux des carences 🔍
Votre cheval ne peut pas vous dire qu'il manque de zinc ou de cuivre, mais son corps envoie des signaux qu'il faut savoir décoder :
Le comportement de pica
Avez-vous déjà observé votre cheval lécher ou manger de la terre, ronger le bois des clôtures, ou mâchouiller la crinière de ses compagnons ? Ce comportement appelé "pica" est souvent le signe d'une recherche désespérée de minéraux manquants.
Les problèmes de peau et de poil
Pelage terne sans brillance
Mues interminables ou qui se font par plaques
Crins cassants
Crinière qui ne pousse pas bien
Peau sèche ou qui desquame
La fragilité des sabots
Corne qui s'effrite ou se dédouble
Seimes récurrentes
Sabots cassants
Pousse irrégulière ou lente
Fourchettes sensibles
La baisse de performance inexpliquée
Fatigue anormale
Récupération difficile après l'effort
Manque d'entrain ou de motivation
Baisse de performance sans cause apparente
Les troubles immunitaires
Infections récurrentes
Cicatrisation lente
Développement d'allergies
Sensibilité accrue aux parasites
Problèmes de comportement
Nervosité inexpliquée
Irritabilité
Difficultés de concentration
Tendance à être "chaud" sans raison physiologique évidente
L'importance critique du rapport calcium/phosphore ⚖️
Au-delà des carences individuelles, l'équilibre entre certains minéraux est tout aussi crucial. Le rapport calcium/phosphore illustre parfaitement cette notion :
Le rapport idéal se situe entre 1,5:1 et 2:1 (calcium:phosphore)
Un déséquilibre persistant peut conduire à des problèmes osseux graves
Les prairies riches en légumineuses (trèfle, luzerne) peuvent créer un excès de calcium
L'ajout de son de blé ou de céréales augmente l'apport en phosphore
Quand l'excès devient aussi problématique que le manque ⚠️
Attention toutefois : plus n'est pas toujours mieux ! La surminéralisation peut créer des problèmes aussi graves que les carences :
L'excès de sélénium peut provoquer une toxicité se manifestant par la perte des crins et la fissuration des sabots
Trop de calcium peut interférer avec l'absorption du zinc et du magnésium
Un surplus de fer peut réduire l'absorption du cuivre
C'est pourquoi une supplémentation aveugle, sans analyse préalable, peut parfois aggraver la situation au lieu de l'améliorer.
Solutions pratiques : comment bien supplémenter 🛠️
Étape 1 : Connaître votre terrain
La première étape consiste à comprendre ce que votre sol et votre fourrage contiennent réellement :
Analyse de sol : Contactez votre chambre d'agriculture ou un laboratoire spécialisé
Analyse de fourrage : Particulièrement importante si vous donnez du foin comme source principale de fibres
Ces analyses, bien que représentant un investissement initial, vous permettront d'adapter précisément la supplémentation aux besoins réels.
Étape 2 : Observer votre cheval
Soyez attentif aux signes que votre cheval vous donne :
Documentez son comportement alimentaire
Surveillez la qualité de son poil et de ses sabots
Notez tout changement d'énergie ou de performance
Étape 3 : Choisir la bonne supplémentation
La pierre à lécher : un minimum indispensable
Proposez une pierre à lécher multiminérale de qualité en accès libre. Choisissez-la :
Sans sucre ajouté
Avec une composition équilibrée en oligo-éléments
Idéalement spécifique aux équidés (évitez les blocs pour bovins qui ont des besoins différents)
Placée à l'abri de la pluie pour éviter qu'elle ne se dissolve
La pierre à lécher permet à chaque cheval de réguler sa consommation selon ses besoins instinctifs.
Les compléments minéraux et vitaminiques (CMV)
Pour une approche plus précise, un CMV quotidien peut être nécessaire :
Privilégiez les formules avec des minéraux chélatés (liés à des acides aminés) qui sont mieux assimilés
Adaptez la formule à l'âge, l'activité et l'état de votre cheval
Respectez les dosages recommandés
Les suppléments ciblés
Pour des besoins spécifiques, des compléments ciblés peuvent être ajoutés :
Biotine et zinc pour les problèmes de sabots
Magnésium pour les chevaux tendus ou stressés
Électrolytes pour les chevaux sportifs qui transpirent abondamment
Étape 4 : Évaluer et ajuster
La supplémentation n'est pas figée dans le temps. Observez les effets sur votre cheval et ajustez si nécessaire :
Prévoyez une période d'au moins 3 mois pour évaluer les changements sur le poil et les sabots
Documentez les améliorations ou l'absence de progrès
N'hésitez pas à consulter un professionnel pour réajuster si besoin
Les alternatives naturelles en complément 🌱
En complément d'une supplémentation minérale bien pensée, certaines approches naturelles peuvent être bénéfiques :
La diversification des pâtures
Si vous en avez la possibilité, introduisez différentes espèces végétales dans vos prairies. Certaines plantes ont la capacité d'extraire des minéraux profondément enfouis dans le sol :
La chicorée est riche en minéraux et oligo-éléments
Le plantain apporte du calcium et du silicium
Le pissenlit concentre de nombreux minéraux bénéfiques
L'argile comme complément ponctuel
L'argile verte ou blanche, proposée occasionnellement, peut apporter des minéraux sous forme colloïdale facilement assimilable. Elle ne remplace pas une supplémentation régulière mais peut constituer un apport intéressant.
Les macérations de plantes riches en minéraux
Des macérations d'ortie, de prêle ou de consoude peuvent enrichir naturellement l'alimentation de votre cheval en minéraux biodisponibles. Ces préparations sont particulièrement intéressantes pendant les périodes de mue ou de croissance du sabot.
Conclusion : au-delà du mythe, la responsabilité 🌟
L'idée qu'un cheval au pré trouve naturellement tous les minéraux dont il a besoin est malheureusement un mythe dangereux à l'ère des sols appauvris et des prairies modernes. En tant que gardiens responsables, nous devons compenser ce que la nature ne peut plus fournir en quantité suffisante.
La supplémentation minérale n'est pas un luxe ou une mode : c'est une nécessité pour la santé optimale de nos compagnons équins. Elle doit cependant être réfléchie, adaptée et régulièrement réévaluée.
J'espère que cet article vous aura donné les clés pour mieux comprendre les besoins minéraux de votre cheval et agir en conséquence. N'hésitez pas à partager votre expérience ou vos questions en commentaire !
Pour la santé et le bien-être de nos fidèles compagnons,
Sakura Nature